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La méthode de Kokoya : Le choix des thèmes et des témoins

Transcription :

Claire : Vous parlez du témoin héros et de faire du théâtre pour les gens avec les gens, mais comment on choisit les témoins ? Comment on choisit les thèmes, comment on choisit les témoins ?

 

Isabelle : En fait, ça prend des formes différentes, c’est-à-dire que l’on nous a demandé à un moment donné d’inaugurer un lieu sur Ivry qui s’appelle l’espace Gérard Philipe qui est un espace en fait, entre la ville et la population et pour inaugurer, on est parti du théâtre-témoignage aussi…voilà. La démocratie participative, c’était aussi une commande. Dans les deux cas, là, c’était des commandes. Par contre, la série sur les femmes par exemple, ça c’était notre désir. Donc en fait ça dépend, des fois c’est des commandes et comme a expliqué Yvette tout à l’heure, quand on nous fait une commande, il arrive qu’on propose cette forme de théâtre là parce qu’elle nous semble la plus adaptée pour répondre finalement à la commande qui nous est faite.. Mais c’est vrai qu’on l’a utilisée dans les Fol’s reporters, on l’a utilisée même dans le théâtre-forum. Donc c’est quand même…

 

Claire : Une fois que le thème vous vous l’êtes approprié, vous avez envie de le traiter, il faut trouver les témoins, comment on trouve des témoins qui participent ?

 

 

Yvette : Alors les témoins, ça peut être de notre environnement. C’est beaucoup plus facile maintenant parce que depuis 10 ans qu’on travaille dans les quartiers etc…donc on a un peu plus de connaissances via les associations, via les connaissances, les amis d’amis enfin…professionnels…Pour les femmes, on a fait intervenir des gens du théâtres de la Jacquerie qui connaissaient des amis qui pouvaient témoigner et puis ça peut être nos proches aussi…nos proches, pas forcément dans la famille…on évite dans la famille…nos proches du quartier.

 

 

Isabelle : Parce qu’en fait si vous voulez, une fois qu’on a déterminé qui on avait besoin d’interviewer, ça part comme ça…c’est-à-dire qu’on détermine de l’après-guerre à nos jours, le nombre de personnes à interviewer (en général c’est cinq), femmes ou hommes… qui on veut et donc ça va déterminer les âges. Une fois qu’on a dit qu’on veut (puisque c’était l’immigration) des continents différents, ça réduit évidemment, forcément… et après une fois que l’on a trouvé, je ne sais pas… une immigrée italienne, on va pas en prendre une deuxième…on va prendre une autre européenne ou pas européenne, ça dépend de l’âge en fait, vous voyez. Et puis après ce qui est absolument extraordinaire, c’est qu’on interview cinq personnes et c’est les cinq qui vont donner le spectacle. Parce que finalement et c’est ça qui est vraiment passionnant dans cette forme de théâtre, c’est jamais arrivé, c’est peut-être arrivé une fois ou deux qu’on ait un ou deux témoignages en plus qu’on n’utilise pas ; parce qu’on ne peut pas, on ne veut pas que ça dure plus d’une heure, on veut des formes courtes… Mais en fait, toutes les personnes interviewées donnent matière à un spectacle très intéressant. Toutes…chaque personne ! Donc c’est ça qui est touchant aussi. Quand je disais que chacun est le héros de sa vie ; ça bien sûr…mais est aussi universel…c’est-à-dire que dans son expérience à lui, tout à fait privée apparemment, c’est pas si privé que ça…ça s’inscrit à un moment donné de notre histoire de l’humanité et donc ça touche l’ensemble de l’humanité. C’était intéressant parce que par exemple, pour les femmes immigrées, moi j’étais partie avec l’idée que les femmes immigrées, c’était des femmes qui suivaient leurs maris, qui rejoignaient…le regroupement familial…voilà…et en fait les femmes que l’on interviewait c’tait pas ça du tout. C’était des femmes qui étaient parties toutes seules pour des raisons économiques, pour des raisons…pour fuir la guerre…donc on se rend compte qu’on a aussi énormément d’idées reçues sur…on aborde un sujet en allant auprès des gens directement, on se rend compte qu’en fait, c’est beaucoup plus humain et varié que ce qu’on peut imaginer au départ.

 

 

Claire : Quand vous le jouez en dehors du lieu où on été conçus les témoignages, comment ça se passe ? On arrive vraiment à avoir cette universalité ?

 

 

Yvette : Le thème, c’est le thème de l’immigration. On n’a pas choisi l’immigration à Ivry sur Seine, donc on a choisi des témoins comme disait Isabelle d’après un panel établi. Donc on a quand même trouvé une femme originaire d’Afrique après-guerre qui pouvait témoigner ou une portugaise dans Femmes d’ici et d’ailleurs. J’ai une amie asiatique qui a voulu témoigner, après il y a eu une jeune roumaine, voilà c’est en fonction de… Moi je fais un appel large aux associations (qui répondent jamais d’ailleurs…) donc après on resserre nos informations. Je voudrais juste revenir sur quelque chose ; je pense que vous le savez mais c’est important de le préciser, c’est que le témoignage est anonyme. C’est important de le dire. Bien évidemment comme dit Isabelle, on invite toujours les personnes qui ont témoigné, qui ont ce désir de témoigner de leur vie, de leur expérience et au moment où elles viennent assister au spectacle, à part Isabelle et peut-être moi qui les connais, l’équipe artistique ne les connait pas… Si elles désirent se présenter…

 

 

Isabelle : Le metteur en scène et la comédienne ou le comédien ne les ont jamais rencontrées. C’est même important.




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