Isabelle : Tout est venu du Théâtre de la Jacquerie qui était dirigé par Alain Mollot et qui a développé cette forme de théâtre tout au cours de l’histoire du théâtre de la Jacquerie et qui a fait en particulier plusieurs formes sur la famille. En fait, tout est parti d’un spectacle à Montbéliard où on était allé jouer un spectacle (la Jacquerie était allée jouer un spectacle) et les gens de la ville avaient récolté la parole des gens sur les histoires d’amour puisque c’était un spectacle sur le thème de l’amour et ils ont donné ces paroles au metteur en scène, donc à Alain Mollot, en lui disant, voilà : « qu’est-ce que vous pouvez faire avec ça ? » Et donc il a réuni la troupe et en quelques jours, ils ont monté un spectacle avec cette parole des gens sur les histoires d’amour, voilà…Et ça a donné lieu à un très beau spectacle qui s’appelait  Ah Mon bel amour  avec le jeu de mot puisque ça se passe à Montbéliard, voilà. De là, il a monté 4 spectacles sur la famille, un sur les pères, un sur les mères, un sur les frères et sœurs et un sur les romans de famille …c’était la totale…et donc le quatrième c’était une compilation en quelque sorte, des autres formes.

Donc ces spectacles, ça a duré plusieurs années, ça a beaucoup tourné. Alain Mollot, c’était pas que ça…il pouvait monter du Brecht…enfin voilà…mais ça c’était tout un volet de son travail et pour accompagner ces grandes formes, il faisait aussi des petites formes qui allaient se jouer dans les appartements, en fait pour permettre aux gens des quartiers de venir au théâtre. Puisque ce qui est intéressant, c’est que cette forme de théâtre en fait, elle fédère énormément les gens parce qu’ils se reconnaissent dedans, parce que c’est des histoires ordinaires de la vie ordinaire mais qui deviennent vraiment héroïques en fait…On se rend compte que chaque personne qui témoigne devient un héros parce que chaque vie est passionnante et que chaque vie a des trésors à partager avec les autres qui valorisent, du coup, la vie de celui qui raconte mais aussi celui qui écoute. C’est-à-dire qu’on se rend compte vraiment de la force de l’opinion de chaque personne. Chaque personne est un trésor qui a des choses à dire, à défendre et qui mérite vraiment d’être écouté, voilà…donc avec les petites formes, on allait jouer dans les appartements et tous les gens nous disaient : « Ah, c’est ça le théâtre…ah ben alors, on va y aller au théâtre ! »…et du coup dans les cités, dans les quartiers et bien les gens en famille venaient voir la grande forme et étaient très enthousiastes toujours.

Claire : C’était dans quelle période ?    

Isabelle : Cette forme de théâtre témoignage, c’était dans les années 75…(?)…et les romans de famille, c’était bien dans les années 90…