learning logo

Verser un fonds aux Archives Nationales. Que faire figurer dans le dossier de contextualisation ?

Transcription :

JEAN- PHILIPPE : Revenons à cette association, à cette famille, à cette personne qui veut éventuellement déposer ou donner ses archives, ses témoignages, ses collectes de documents aux archives nationales, est-ce qu’on peut repréciser un peu ce que vous entendiez par contextualisation ? Quelles sont les informations importantes à avoir avant de venir vous voir ?

MARTINE : En fait, il y a plusieurs informations et ça va dépendre un petit peu de qui a fait la collecte et dans quel cadre. Si on prend ces collectes un peu institutionnelles, c’est certain que a minima, il va falloir qu’on ait des informations sur « pourquoi le ministère ou ce comité d’histoire s’intéresse tout d’un coup au témoignage oral ? », sachant qu’il y a vraiment des initiations très variées qui président au lancement d’une collecte. Ensuite, qui fait la collecte ? Est-ce que ce sont d’anciens fonctionnaires aussi ? Ou est-ce qu’ils s’adressent à des chercheurs ou à un laboratoire par exemple ? Parce qu’effectivement ça change tout de suite l’orientation de l’enquête puisque, quand c’est le ministère ou le comité d’histoire qui fait avec les moyens du bord, avec son propre personnel, cela a un côté beaucoup plus « métier » et peut-être une parole au niveau du témoin qui peut être un peu plus retenue, parce qu’effectivement elle est plus institutionnelle. Tandis que si elle est récoltée par un chercheur, tout de suite on a une parole plus libérée qui peut aller jusqu’à tenir des propos sur des tiers. Voilà un aspect aussi, au niveau du droit après, un peu délicat à gérer, donc il faut être très vigilant. Mais en même temps quand on a un chercheur, on sait que le chercheur va arriver avec une méthodologie, il va préparer une enquête. Il va avoir une approche peut-être un peu plus professionnelle, un peu moins émotionnelle qu’une administration qui va être amenée à réagir à chaud en entendant certaines paroles ou en devenant peut-être témoin finalement puisqu’effectivement c’est une histoire qui est commune. C’est vrai que tout ça ce sont des éléments qui sont très importants à documenter. Après, a minima, c’est vraiment : Qui sont les témoins ? Quelle place ils occupent dans cette campagne ? Pourquoi on s’est adressé à ces témoins et pas à d’autres ?  Si l’aspect temporel est important, lié à une date d’exercice ou de tout autre évènement . Enfin tout dépend ce sur quoi porte la collecte…donc, voilà il faut que ces éléments figurent. Et puis ce qui peut être intéressant aussi de savoir, c’est où la collecte a eu lieu parce qu’effectivement c’est très différent, une collecte qui a lieu dans le cadre d’un bureau, d’un ministère,  et une collecte qui se fait au domicile de la personne qui témoigne. Là, on imagine très bien que le témoin a pas la même attitude, ne se sent pas dans le même confort en fonction du lieu dans lequel se fait cette collecte. Ce sont des éléments qui sont importants. Après il n’y a pas vraiment de niveau minimum d’information. Il existe, mais il peut vraiment être adapté en fonction des situations et effectivement dans toute l’entreprise de collecte, de préparation avant que ces archives arrivent aux archives nationales, il y a dans les échanges que l’on a avec les différentes personnes, ou que les missions des archives de France ont, il y a aussi beaucoup de choses qui sont collectées à ce moment-là dont nous, on se servira après pour enrichir des éléments qu’on trouverait manquants au moment de l’arrivée du fonds. Ce qu’il faut voir aussi, c’est que parfois on a des collectes qui sont très riches. Parfois certains témoins donnent à leur collecteur des archives privées, des documents qui ont pu illustrer des propos qu’ils ont tenus ou qui se rapportent au contexte dans lequel ils font référence dans leur propos. Et donc ça arrive en même temps… ça effectivement, c’est très riche. C’est un peu délicat à communiquer après parce que ce ne sont pas des archives qui sont sur le même plan que le matériau même de la collecte, mais ce sont des éléments qui sont très intéressants, qu’on met tout de même.

JEAN-PHILIPPE : Est-ce que vous demandez à ce qu’il y ait un contrat ou un document différent pour ces documents qui sont confiés en même temps que le témoignage ou si c’est dans le même contrat ?

MARTINE : Souvent c’est dans le même contrat. C’est quand même déjà un peu particulier cette démarche de faire signer un contrat au témoin. En même temps, une fois qu’on lui explique pourquoi on fait signer ce contrat, il comprend bien que c’est pour que lui soit protégé, pour qu’il puisse dire effectivement ce qu’il veut qu’on fasse de ce témoignage…jusqu’où il autorise l’utilisation, la réutilisation de son témoignage. Pour autant effectivement si on commence à lui faire signer plein de papiers, ça commence à devenir un peu compliqué, ça perd un peu de fluidité dans la relation…donc tout est mis en fait dans le même contrat. Les documents privés auxquels je fais allusion, c’est jamais des mètres et des mètres linéaires. C’est quelques documents, c’est quand même pas énorme, mais c’est quand même très intéressant parce que c’est vrai que ça apporte un petit peu plus de matériau encore à la collecte qui est faite. Mais ce n’est pas systématique.


Il n'y a pas encore de commentaires concernant ce Pas. Inscrivez-vous ou connectez-vous pour poster le premier, partager votre ressenti, posez des questions ou encore lancer une discussion sur le thème abordé.