Palier 1 Degré 2 Pas 5

 

Notre définition des collectes de mémoires

 

 

Un peu de vocabulaire

 

Nous parlons ici de  « témoignages » et de « mémoires » pour distinguer notre propos  des notions :

 

• d’ « archives orales» dont nous avons beaucoup parlé dans le pas 2. Ce sont des documents constitués par des historiens ou des archivistes dans une finalité scientifiques.
• d’ « histoire» qui implique un contexte scientifique c'est-à-dire l’intervention des historiens et celle d’institutions habilitées à déterminer ce qui est fiable ou non pour écrire l’histoire (archives, universités, centres de recherche, musées).
• de « patrimoine », qui implique l’intervention et la validation d’une institution patrimoniale : une bibliothèque, un musée.
• De « récit de vie », qui dénote une attitude réflexive, et la reconstruction d’un parcours de vie a postériori par la méthode de la narration.

 

Par  témoignages et  mémoires, nous désignons  des éléments que des amateurs décident de réunir sans qu’ils soient encore validés par la science ou les institutions ou qui n’ont pas vocation à être validées.

Mais bien sûr il faut garder en tête que les témoignages et les mémoires peuvent être aussi liés à des projets scientifiques ou patrimoniaux et y être intégrés, et que les méthodes que nous allons évoquer dans Passerelle de Mémoires concernent également les chercheurs, archivistes ou collecteurs professionnels.

 

Le statut de ces éléments enregistrés, filmés, notés, collectés ou préservés peut donc évoluer au fil du temps :

 

Ils peuvent devenir des matériaux pour l’histoire s’ils sont exploités par des historiens et recoupés avec d’autres sources.

 

Ils peuvent être patrimonialisés par des institutions comme le sont par exemple les films de famille par Ciclic en Centre Val de Loire, ou par la Cinémathèque de Bretagne), ou la galerie des dons  du Musée National de l’histoire de l’immigration à Paris où « chaque visiteur souhaitant confier le parcours migratoire de sa famille est invité à offrir au musée une part de son histoire personnelle, qu'elle soit individuelle ou collective, intime et singulière. » Des objets et des photographies, souvent transmis de génération en génération, sont ainsi présentés dans la Galerie des dons. » http://www.histoire-immigration.fr/musee/la-galerie-des-dons

 

Ils peuvent être valorisés pour créer des expositions, documentaires, livres ou animations artistiques.

Ce sont aussi des documents qui peuvent être utilisés pour prendre des décisions collectives, en fonction des informations qu’ils délivrent sur le mode de vie ou l’état d’esprit d’une population.

Ou simplement ils peuvent être conservés comme supports d’une mémoire familiale ou communautaire pour transmettre le souvenir de faits ou de valeurs passées.

 

Nous ne trancherons pas entre ces activités et nous allons considérer que le terme « Collecte de Mémoire »  recouvre :

« Toute action individuelle ou collective visant à recueillir des témoignages du passé ou du présent pour les conserver, les partager, les transmettre, les mettre en valeur. »

 

Quels témoignages ? :

•       Des souvenirs, des récits de vie individuels,
•       Des gestes, des savoir-faire domestiques, professionnels,
•       Des traditions, des pratiques culturelles, musiques, contes,
•       Des témoignages sur un événement, une organisation,  un lieu marquant,
•       Des modes de vie particuliers ou remarquables…

De qui ?

• De familles,
• Des habitants d’un quartier, d’un village, d’une région
• Des salariés d’une entreprise, de professionnels
• Des acteurs d’un événement ou d’une action collective (association, revendication, animation culturelle…)
• De populations qui partagent une même expérience : de la migration, du militantisme, d’un handicap ou d’une maladie…

 

Sous quelle forme ? 

Dans Passerelle de Mémoires nous nous intéressons particulièrement au témoignage enregistré, filmé ou raconté, aux récits (écrits, contés…),

 

      mais aussi :

• aux  documents privés ou publics collectés et préservés : objets, photos, films, lettres, archives privées, « papiers-témoins » : prospectus, cartes postales, factures etc… tout ce qui peut témoigner d’un fait.
• aux démonstrations (d’une technique, d’un savoir faire, gestes…)

 

Ce qui relie toutes ces formes disparates, ce sont ces 2 dimensions :

 

• La dimension historique : le passé, la mémoire : il s’agit de conserver et transmettre dans une perspective d’éloignement temporel.
• La dimension spatiale ou sociale : témoigner de l’instant présent ou récent, le communiquer, pour le faire connaître  à  d’autres  éloignés géographiquement ou socialement.

 

En parlant de « collectes de témoignages et de mémoire » nous ne préjugeons ni de la forme de la collecte, ni de l’utilisation à court ou moyen terme des éléments collectés. Ce cours concerne tous les types de projets. Nous allons évoquer leur diversité dans le Degré 2