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Jalons historiques – les sources orales aux Etats-Unis aux 19e et 20e siècles

Transcription :

Palier 1 Degré 2 Pas 2

 Quelques jalons historiques – les Etats-Unis aux 19e et 20e siècles

Couverture du livre L’HISTORIEN, L’ARCHIVISTE ET LE MAGNÉTOPHONE

Pour replacer  les collectes de mémoires dans le contexte historique des documents oraux je fais référence à l’ouvrage de  Florence Descamps consacré aux Archives Orales. « L’HISTORIEN, L’ARCHIVISTE ET LE MAGNÉTOPHONE. De la constitution de la source orale à son exploitation » publié en  et actuellement disponible en open edition :
http://books.openedition.org/igpde/104?lang=fr

 

 

Le document oral en Europe avant le XXe siècle : une source mineure

 

Avant le 20eme siècle, selon Florence Descamps, les sources orales connaissent en Europe   une triple réfutation de la part des historiens :

 

  • Réfutation en tant que mode de transmission : la tradition orale laisse des traces non visibles, non durables et non fixes ;
  • réfutation de l’intérêt même des informations qu’elle transmet : l’anecdotique ne peut être objet d’histoire ;
  • réfutation de son statut épistémologique : la source orale ne permet pas de connaître scientifiquement les choses

 

Le document oral se cantonne alors à l’étude des sociétés sans écriture notamment aux populations extra-européennes, aux classes populaires illettrées et aux disciplines émergentes ou longtemps restées en France  «inférieures » ou contestées comme la sociologie, l’ethnologie ou le folklore.

 

L’Amérique pionnière : la naissance de l’« histoire orale »

 Il en va autrement aux Etats-unis. Dès 1860 l’historien Hubert Howe Bancroft (5 mai 18321918) collecte à grande échelle des témoignages et des documents privés (archives de familles ou de corporation) sur le peuplement de la côte californienne.

portrait de Hubert Howe Bancroft



Lyman Copeland Draper (1815-1891) enquête sur la période 1755-1814 (de la guerre d'indépendance aux guerres indiennes), dans le sud des Etats -unis. Il lègue à la société historique du Wisconsin une impressionnante collection de manuscrits issus d'entretiens avec des soldats et de transcriptions de documents.

(http://www.wisconsinhistory.org/Content.aspx?dsNav=N:4294963828-4294963805&dsRecordDetails=R:CS4103)

 
Portrait de Lyman C. Draper sur WIkimedia


Portrait of Wisconsin historian Lyman C. Draper from his book entitled "King's Mountain and Its Heroes.", 1881, King's Mountain and Its Heroes, Lyman Copeland Draper, published by Peter G. Thomson, 1881 . Unknowed author; http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Lyman_Copeland_Draper.jpeg

 

C’est par la sociologie que se développe la méthode des récits de mémoires, avec deux « écoles » totalement hétérogènes dans leur philosophie, leurs finalités et leurs méthodes :

 

  • L’approche «  par le bas », du Département de sociologie de l’Ecole de Chicago, créé par John Rockfeller en 1907 et dirigée par Albion Woodbury Small (1854-1926). L’Ecole de Chicago est à l’origine de la sociologie Urbaine, en étudiant la ville de Chicago, ses mutations liées à l’industrialisation et à l’afflux des  immigrés. William Thomas, Florian Znaniecki et Robert Park y pratiquent l’observation directe (ou participante) auprès des communautés ethniques, des délinquants, des marginaux ; The Polish Peasant in Europe and America est considérée comme le modèle du genre en sociologie, pour ce qui concerne l’utilisation de la méthode biographique et source de nombreuses réflexions méthodologiques et épistémologiques. C’est le plus anciens département de sociologie au monde et son influence est considérable

 

  • L’approche « par le haut » avec le département d’histoire orale de l’université de Columbia ans les années 1930, où Allan Nevins (1890-1971), historien-journaliste, imagine une méthode pour pallier l'absence de sources écrites concernant le passé récent. Il crée une organisation pour recueillir les témoignages des personnalités du monde de la politique, des affaires ou des autres secteurs d’activité qui devient le Columbia University Oral History Research Office animé par Allan Nevins et Louis Starr et créé en 1948 au sein de l’université de Columbia.

On y utilise les premiers magnétophones à bande à la fin des années 40. Le mouvement s'étend progressivement et dans les années 70 près d'un millier de centres pratiquent cette histoire orale très orientée vers la constitution d'un patrimoine exploitable par les historiens. L’American Oral History Association,( http://www.oralhistory.org/) créée en 1967 en est issue.

 

 




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