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Jalons historiques – Les sources orales en France depuis les années 70

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 Quelques jalons historiques –  La France des années 70

 

L’émergence des  sources orales Françaises à partir de la fin des années soixante.

Les sources orales et les témoignages ne gagneront finalement leur légitimité qu’à partir des années 70’s. D’une part à la faveur de la réflexion sur le document qui élargit la notion jusqu’alors largement cantonnée aux écrits. Pour Suzanne Briet est document « tout indice concret ou symbolique, conservé ou enregistré, aux fins de représenter, de reconstituer ou de prouver un phénomène ou physique ou intellectuel » (1961, 7). La subjectivité de l’Histoire, récit construit, est une donnée épistémologique  assumée par Henri Irénée Marrou  ou Paul Veyne.

 

Après  Mai 68, et les mouvements de prise de paroles individuelles et collectives, Daniel Bertaux rompt avec la sociologie positiviste et quantitative pour se tourner vers les « histoires de vie » et la méthode biographique. Les années 77 à 85, sont l’époque d’une intense production de recherches en histoire sociale, anthropologie, géographie basées sur les recueils de récits de vie. Les enquêtes sur la vie ouvrière ou la vie rurale et paysanne, la création des éco musées,  marquent l’accomplissement des grands mouvements d’exode rural.


Les pionniers de l’action culturelle s’emparent de ces méthodes pour tracer et représenter les mémoires des « exclus de la culture officielle », ouvriers, immigrés, chômeurs, prisonniers… dans une perspective politique et artistique. A partir de 1978, Jean Hurstel recueille les photos et les récits des familles de mineurs du bassin lorrain pour réaliser des « photodrames » présentés dans les communes. Armand Gatti s’appuie sur la mémoire et les histoires individuelles pour construire des spectacles de théâtre joués devant les « stagiaires » des ateliers de création populaire.

 

De 1984 à 1992, l’historien Pierre Nora, publie « les lieux de mémoire », long recensement des monuments, symboles, concepts et objets sur lesquels se fondent le sentiment national français. Il pose la question de la mémoire collective émotionnelle du pays.

Visionner une vidéo : Pierre Nora présente "les lieux de mémoires" surle plateau de l'émisiso Apostrophe en Décembre 1984.
http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04655/pierre-nora-presente-son-ouvrage-les-lieux-de-memoire.html


L’émergence de la question des mémoires dans les années 80 est symbolisée par la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dite « marche des beurs » : le 15 octobre 1983, une petite quarantaine de jeunes immigrés partaient de Marseille pour dire stop aux crimes racistes et réclamer l'égalité et la justice.

En 2003 dans une étude commanditée par le  programme de recherche interministériel « cultures,villes et dynamiques sociales, Jean-Barthélemi Debost recense et analyse près de deux-cents actions de terrain se référant à la mémoire du quartier, de la ville, à l’identité collective, aux racines et à l’intégration. Il conclut à une « explosion des projets mémoriels ».

 

Et aujourd’hui…

Nos collectes de mémoires sont les héritières directes de ces initiatives historiques et leur diversité de forme et de thèmes reflète la variété des approches disciplinaires et politiques.

L’intensification des actions de collecte est en marche sous l’effet de plusieurs facteurs :

  • L’adoption en 2003 par l’UNESCO de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Elle concerne les traditions vivantes héritées et transmises au sein de communautés quelle que soit leur localisation, leur situation politique et culturelle ou leur degré de développement économique. Il ne s’agit plus de préserver seulement les objets ou les bâtis, mais aussi « les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel ». La nature même de ce patrimoine conduit à la collecte des témoignages et aux captations des pratiques.

https://ich.unesco.org/fr/qu-est-ce-que-le-patrimoine-culturel-immateriel-00003


  • Un intérêt croissant des politiques pour les initiatives mémorielles.  Après le rapport interministériel « Répertoire analytique des actions de terrain travaillant l’histoire et/ou la mémoire de populations et/ou de territoires »,  publié en 2003, plusieurs dizaines de rapports publics sont consacrés aux commémorations et aux monuments historiques, aux mémoires des guerres, de l’esclavage,  de l’outre mer. En 2013, le rapport commandité par le ministère de la politique de la Ville « Histoires, patrimoine et mémoires dans les territoires de la politique de la ville »recommande de "dessiner un cadre et d’outiller les acteurs qui souhaitent s’investir dans des démarches mémorielles et s’intéressent à la mémoire de l’immigration et/ou des territoires de la politique de la ville".

 

  • La mise en place de structures d’appui inter-associatives, comme le réseau « Mémoires-Histoires en Ile-de-France », créé en 2010, qui se donne pour mission de « promouvoir des actions menées par ses membres et des initiatives associatives et citoyennes dans les domaines des questions urbaines et des quartiers populaires, des migrations, du monde du travail et du monde ouvrier en Ile-de-France, en articulant l’approche mémorielle et historique ». (http://www.memoires-histoires.org/). Ce réseau compte plus de 25 associations adhérentes. En province, le Réseau pour l’histoire et la mémoire des immigrations et territoires (RHMIT) en Provence Alpes Côte d’Azur, (http://www.rhmit-paca.fr/), le Réseau Aquitain pour l’Histoire et la Mémoire de l’Immigration (http://www.rahmi.fr/), le Réseau Mémoire et Histoire de l’Immigration Champagne Ardenne (http://rmhi-champagneardenne.fr/), poursuivent des missions similaires et sont partenaires du Musée de l’Histoire de l’Immigration.
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