JEAN-PHILIPPE : Imaginons ces archives qui peuvent être consultées de cette manière. Mais une autre manière pour le public d’accéder à ces archives, c’est aussi de les découvrir dans des expositions ou sous d’autres formes de valorisation. Est-ce que vous avez des exemples récents en tête que vous voudriez bien nous présenter ?

MARTINE : Alors c’est vrai que cet aspect de valorisation est assez récent. Jusqu’à présent les Archives Nationales, que ce soit par rapport à ses propres collectes, ou par rapport aux collectes qu’ils recevaient, ou par rapport aux archives audiovisuelles en général, ne valorisaient les archives que par la communication aux lecteurs. De ce fait, on faisait tout un travail de description des archives dans les instruments de recherche et après, de mise à disposition par le biais de la communication avec effectivement les restrictions que l’on a évoquées. Et puis, du fait de sollicitations extérieures comme d’une volonté aussi des Archives Nationales de rendre plus visibles ces fonds et aussi d’élargir son public pour ne pas le restreindre au public des chercheurs ou d’autres spécialistes des archives audiovisuelles, on a commencé à valoriser ces archives à l’occasion d’expositions. Donc, il y a eu dans le cas d’une collaboration (ça c’était fin 2014) une exposition entièrement sonore[1] qui a été organisée aux Archives Nationales, en collaboration avec l’association « Rails et Histoire », qui est une association qui dépend de la SNCF, et qui a permis de valoriser toute une enquête orale (qui était encore en cours d’ailleurs), reposant sur des enquêtes déjà réalisées auprès d’anciens cheminots. Et, effectivement, il y a eu tout un parcours sonore qui a été organisé, complété avec aussi quelques documents écrits. Mais là, ce sont vraiment les documents sonores qui ont été mis en valeur. Après, il y a aussi des expositions où les enregistrements sonores viennent en appui d’autres documents qui sont exposés. Actuellement, aux Archives Nationales, il y a une exposition en cours sur les voyageurs[2] (à l’hôtel de Soubise) et on peut entendre effectivement certains chants qui ont été collectés par la cellule techno-musicologie de l’ancien musée national des arts et traditions populaires et donc on peut entendre certains extraits de ces chants qui sont diffusés et qu’on peut écouter à l’occasion de cette exposition. Donc, c’est vrai que des expositions comme la première que j’ai évoquée c’est rare. Dans le paysage français, il y a très peu eu d’expositions où les archives orales avaient été vraiment à l’honneur mais par contre effectivement, il y a plus d’expositions qui se servent d’archives orales comme illustration ou comme document aussi en tant que tels.

 

MARTINE : Après, les autres formes de valorisation, elles sont vraiment beaucoup dans la participation de programmes de recherche. Effectivement, les Archives Nationales sont très présentes dans pas mal de partenariats et vont nouer d’autres partenariats aussi à venir. Donc c’est vrai qu’il y a aussi pas mal de valorisation qui se fait de ce point de vue-là. Pour autant, comme on collecte énormément d’archives, c’est vrai que cette valorisation, en dehors de celle de la mise à disposition de nos lecteurs, n’est pas forcément une priorité. Mais on essaye effectivement par contre de faire connaître plus et de les rendre plus visible pour effectivement susciter d’autres besoins qui, cela, viennent de l’extérieur.

[1]  Exposition « Voix Cheminotes » du 8 avril 2015 au 4 juillet 2015, sur le site de Pierrefitte, des Archives Nationales. Une version 3D de l’exposition est consultable ici : http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/visites-virtuelles/voix-cheminotes/index.html

[2] Exposition « Des voyageurs à l'épreuve du terrain : études, enquêtes, explorations (1800-1960) » du 13 avril au 19 septembre 2016. Une version 3D est consultable en ligne ici http://www.archives-nationales.culture.gouv.fr/visites-virtuelles/les-voyageurs-a-l-epreuve-du-terrain/index.html