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Les archives orales au Département de l’Archivage électronique et des Archives audiovisuelles

Transcription :

JEAN-PHILIPPE : Bonjour Martine Sin Blima-Barru, le département de l’archivage électronique et des archives audiovisuelles des archives nationales a mené un certain nombre de collectes peut-être constitutives en tous cas en partie de son histoire, est-ce que vous pouvez nous en dire quelques petits mots ?

MARTINE : Oui bien sûr, donc en fait c’est une histoire qui est un peu ancienne qui a plus de trente ans maintenant. C’est-à-dire que dans les années 70 au moment où effectivement la sociologie commence à se saisir depuis déjà pas mal de temps des enquêtes orales comme matériaux de recherche, les archives nationales se disent que effectivement, faire de la collecte d’archives orales peut être complémentaire de la collecte d’archives traditionnelles et en fait en 75, André Schuller à la tête de la section contemporaine reçoit une lettre de mission lui demandant de faire de la collecte d’entretiens oraux. Donc au début en fait, ces entretiens, c’est surtout en lien avec toutes les entrées qui sont faites à l’occasion de dons ou de déposants en fait de particuliers. Donc la collecte vise vraiment à enrichir à compléter ces fonds-là et puis petit à petit au fur et à mesure que la pratique s’affirme, c’est de plus en plus aussi une volonté de créer en fait des fonds complémentaires sur toute l’histoire de la quatrième et cinquième république. Alors vu essentiellement par les élites, c’est comme ça effectivement que c’est dit à cette époque-là. Donc les personnalités politiques essentiellement du monde économique ou du monde de la finance mais pas seulement, c’est aussi effectivement une collecte qui s’oriente vers des acteurs secondaires qui n’apparaissent pas forcément dans les archives, des personnes anonymes dont la parole peut être comme ça entendue et toujours dans la volonté d’enrichir ces fonds.

JEAN-PHILIPPE : Ça se faisait avec des historiens, des journalistes comme Georgette Elgey[1] ou pas forcément ?

MARTINE : Non, en fait pas du tout. Les personnes qui ont fait la collecte sont uniquement des conservateurs des archives donc en fait le grand conservateur qui a vraiment lancé ça, c’est Chantal de Tourtier-Bonazzi[2] qui a pris la suite d’André Shuller à la tête de la section contemporaine et donc avec une équipe d’autres conservateurs comme Yvonne Poulle[3] ou Brigitte Blanc[4] en fait, elles ont commencé à contacter d’anciens déposants ou des déposants qui voulaient aussi laisser leurs fonds aux archives nationales en leur demandant s’ils étaient d’accord pour accorder un entretien aux archives nationales. Alors c’est vrai qu’au départ c’était fait avec des moyens très sommaires, en même temps qui étaient ceux de l’époque avec un petit micro, un petit enregistreur, donc le téléphone était débranché, il fallait expliquer aux différentes personnes qu’il ne fallait pas touche son collier, qu’il ne fallait pas faire de grands gestes, ne pas bouger sa chaise, etc.

 

[1] Goergette Elgey, née en 1929, journaliste et historienne, auteur notamment d’une « Histoire de la IVème République », publiée entre 1965 et 2012.

[2] Chantal de Tourtier- Bonazzi (1932-2010), Conservateur général aux Archives nationales, auteur de nombreux ouvrages  dont « Le témoignage oral aux Archives : de la collecte à la communication, Paris : Archives nationales , 1990

 [3] Yvonne Poulle-Drieux, née en 1933, Conservateur du patrimoine au Archives nationales  et historienne de la science vétérinaire.

[4] Brigitte Blanc née en 1954, Archiviste-paléographe (1980). Conservateur en chef aux Archives nationales (en 1995). En poste à l'Inventaire général du patrimoine culturel de la Région Île-de-France (en 2013).




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