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Définition des archives et des différents centres d'archives. Peut-on leur confier ses collectes orales?

Transcription :

CLAIRE : Jean-Philippe, si j’ai enregistré ou si j’ai accumulé des documents intéressants, qui me paraissent intéressants pour l’Histoire, je peux avoir envie de les verser à un centre d’archives. Est-ce que c’est une bonne idée ? La première question que j’ai envie de te poser, c’est : qu’est-ce que c’est qu’une archive ?

JEAN-PHILIPPE : Une archive, est-ce qu’il faut utiliser le singulier…à priori ça vient du philosophe Michel Foucault et d’autres penseurs dans sa lignée. Mais dans la pratique professionnelle, on parle plutôt des archives et… il y a une définition dans le code du patrimoine qui explique ce que sont ces archives. Je peux vous la lire si vous avez quelques instants… c’est dans le code du patrimoine, c’est l’article L211-1 pour les passionnés de détails et ça dit ceci : « Les archives sont l’ensemble des documents quels que soient leur date, leur lieu de conservation, leur forme et leur support, produits ou reçus par toute personne physique ou morale et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité. » Il faut savoir que c’est un ensemble de documents, donc à priori un document isolé n’est plus vraiment une archive, c’est vraiment un document. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une des lois qui va être promulguée en cet été 2016 a rajouté après « l’ensemble des documents » une incise, en disant : « y compris les données » pour bien expliquer que c’est vraiment quel que soit le support, que ce soit du papier, de l’électronique ou autre chose…

CLAIRE : Donc si j’ai des enregistrements, si j’ai des films, ça peut-être des archives ?

JEAN-PHILIPPE : Absolument, les affiches, les films, les bandes son, les enregistrements, tout cela quel que soit le support, c’est bien des archives. Après, il y a des circonstances qui font que le contexte de production (l’activité, comme dit la loi) fait qu’on aurait une captation d’un conseil municipal et donc ce sera plutôt dans les archives classiques de la municipalité en question… alors que si c’est un film qui soit un documentaire ou qui soit une fiction ou que ce soit un entretien filmé… et bien, ce sera plus une archive privée. D’ailleurs, j’ai moi-même dit le singulier, ce qui est une faute. Ce sont des archives privées et après avoir… si le producteur veut les donner ou les déposer auprès d’un service d’archives qui peut exister dans le réseau des archives en France ou ailleurs.

CLAIRE : Et alors, ces archives, ces centres d’archives sont de quelle sorte ?

JEAN-PHILIPPE : Donc on va dire qu’il y a des centres d’archives privés et des centres d’archives publics. Si on commence par le public, on peut suivre toute la strate des différents échelons administratifs. Il y a évidemment des archives dans les communes. Il y a aussi des archives dans les intercommunalités mais comme elles viennent d’être généralisées sur tout le territoire, toutes les intercommunalités n’ont pas encore de services d’archives. On a des services d’archives dans tous les départements et ça depuis la révolution française. On a des services d’archives dans les régions et puis on a des services d’archives à différents niveaux de l’état : dans les ministères, dans les différents organismes d’état et tout cela se regroupe dans les archives nationales. Mais il faut aussi signaler qu’il y a des services d’archives publics qui existent dans des universités ou dans des établissements de recherche, ce qui peut être aussi intéressant pour nos archives orales qui peuvent rejoindre des centres d’intérêt de certaines équipes de recherche. Après pour les services d’archives privés, on a évidemment des services d’archives dans des grosses et grandes entreprises mais on peut aussi en avoir dans des entreprises moyennes ou plus petites et après on a des services d’archives dans différentes associations ; mais là aussi, ça dépend de leurs moyens et on peut avoir des services d’archives comme la Cité des Mémoires Etudiantes qui ont vocation à sauvegarder et valoriser des archives d’un certain type d’associations, d’individus, de familles puisque ces associations et ces individus n’ont pas les moyens eux-mêmes d’avoir un professionnel dédié à leurs archives.

CLAIRE : Donc si j’ai collecté des témoignages, des documents ou des objets sur un sujet, tu me conseilles d’aller voir qui ?...plutôt des archives municipales, plutôt des archives privées…Qu’est-ce qui se pratique en général ?

JEAN- PHILIPPE : Tout est possible, j’ai tendance à dire. Puisqu’en fait ça va dépendre aussi de la manière de construire sa collecte de témoignages. Est-ce qu’on va se concentrer sur une période, sur une région, sur un domaine…et c’est ça aussi qui va déterminer le champ des services d’archives possibles à contacter. C’est là aussi où il faut connaître la manière de fonctionner des différents services d’archives. Il y a effectivement certaines conditions à remplir pour que la collecte puisse paraître intéressante à un service d’archives qui donc, si ce n’est pas lui qui a organisé cette collecte va devoir l’intégrer dans ses fonds et dans ses collections ; et donc va forcément appliquer  des critères en fonction des publics qui viennent dans son centre d’archives et donc il faut qu’on puisse au minimum avoir des témoignages avec un statut juridique clair… que les témoins aient vraiment donné toutes les autorisations pour les différentes utilisations possibles. Au-delà de la consultation, si un lecteur d’un service d’archives municipales veut utiliser un extrait de témoignage pour une réalisation pédagogique ou un petit montage culturel, il faut qu’il puisse le faire sans que ce soit trop problématique et donc ça, ce sont des choses qui vont déterminer déjà la manière dont le service d’archive va accueillir ou pas la proposition de don ou de dépôt.




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